Je m’éveillai tous les quarts d’heure
Pour le voir et pour le baiser !
Et ta duègne, ô duègne damnée !
Et la diabolique journée
Où tu pensas faire mourir,
Ô ma perle d’Andalousie,
Ton vieux mari de jalousie,
Et ton jeune amant de plaisir !
Ah ! prenez-y garde, marquise,
Cet amour-là, quoi qu’on en dise,
Se retrouvera quelque jour.
Quand un cœur vous a contenue,
Juana, la place est devenue
Trop vaste pour un autre amour.
Mais que dis-je ? ainsi va le monde.
Comment lutterais-je avec l’onde
Dont les flots ne reculent pas ?
Ferme tes yeux, tes bras, ton âme ;
Adieu, ma vie, — adieu, madame.
Ainsi va le monde ici-bas.
Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l’hirondelle,
Et la vie et les jours perdus ;
Tout s’en va, comme la fumée,
L’espérance et la renommée ;
Et moi qui vous ai tant aimée,
Et toi qui ne t’en souviens plus !