Pour blasphémer un Dieu qui ne t’aperçoit pas.
Travailles-tu pour vivre, et pour t’aider toi-même ?
Ne te souviens-tu pas que l’ange du blasphème
Est de tous les déchus le plus audacieux,
Et qu’avant de maudire il est tombé des cieux ?
Pourquoi refuses-tu ta place à notre table ?
Hélas ! noble seigneur, soyez-moi charitable !
Un denier, s’il vous plaît, j’ai bien soif et bien faim.
Rien qu’un pauvre denier pour m’acheter du pain.
Te fais-tu le bouffon de ta propre détresse ?
Seigneur, si vous avez une belle maîtresse,
Je puis la célébrer, et chanter tour à tour
La médiocrité, l’innocence et l’amour.
C’est bien le moins qu’un pauvre égaye un peu son hôte ;
S’il est pauvre, après tout, s’il a faim, c’est sa faute.
Mais croyez-vous qu’il soit prudent et généreux
De jeter des pavés sur l’homme qui se noie ?
Il ne faut pas pousser à bout les malheureux.
À quel sombre démon ton âme est-elle en proie ?
Tu railles tristement et misérablement.
Car si ces malheureux ont quelque orgueil dans l’âme,
S’ils ne sont pas pétris d’une argile de femme,
S’ils ont un cœur, s’ils ont des bras, ou seulement
S’ils portent par hasard une arme à la ceinture…
Que veut dire ceci ? veux-tu nous provoquer ?