Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/239

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Avant tout, pour la chambre, une fille discrète,
Capable de huiler une porte secrète ;
Mais nous la paierons bien ; aujourd’hui tout se vend.
Quant à moi, je serai le chevalier servant.
Nous ferons à nous deux la perle des ménages.

BELCOLORE.

Ou tu vas en finir avec tes persiflages,
Ou je vais tout à l’heure en finir avec toi.
Veux-tu faire la paix ? Je ne suis pas boudeuse,
Voyons, viens m’embrasser.

FRANK.

Voyons, viens m’embrasser.Cette fille est hideuse…
Mon Dieu, deux jours plus tard, c’en était fait de moi !

Il va s’appuyer sur la terrasse ; un soldat passe à cheval sur la route.
LE SOLDAT, chante.


Un soldat qui va son chemin
Se raille du tonnerre.
Il tient son sabre d’une main,
Et de l’autre son verre.
Quand il meurt, on le porte en terre
Comme un seigneur.
Son cœur est à son amie,
Son bras est à sa patrie,
Et sa tête à l’empereur.

FRANK, l’appelle.


Holà, l’ami ! deux mots. — Vous semblez un compère
De bonne contenance, et de joyeuse humeur.
Vos braves compagnons vont-ils entrer en guerre ?
Dans quelle place forte est donc votre empereur ?

LE SOLDAT.

À Glurens. — Dans deux jours nous serons en campagne.
Je rejoins de ce pas ma corporation.