Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/324

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Une femme dira qu’elle pleure : — et moi donc !
Je pleure horriblement ; je me soutiens à peine ;
Que dis-je, malheureux ! il faut qu’on me soutienne.
Je n’ose même pas demander mon pardon.

XLII


Je me prive du corps, mais je conserve l’âme.
Il est vrai, dira-t-on, qu’il est plus d’une femme
Près de qui l’on ne fait, avec un tel moyen,
Que se priver de tout et ne conserver rien.
Mais c’est un pur mensonge, un calembour infâme,
Qui ne mordra jamais sur un homme de bien.

XLIII


Voilà ce que disait Hassan pour sa défense.
Bien entendu qu’alors tout se passait en France,
Du temps que sur l’oreille il avait ce bonnet
Qui fit à son départ une si belle danse
Par-dessus les moulins. Du reste, s’il tenait
À son raisonnement, c’est qu’il le comprenait.

XLIV


Bien qu’il traitât l’amour d’après un catéchisme,
Et qu’il mît tous ses soins à dorer son sophisme,
Hassan avait des nerfs qu’il ne pouvait railler.
Chez lui la jouissance était un paroxisme
Vraiment inconcevable, et fait pour effrayer :
Non pas qu’on l’entendît ni pleurer ni crier, —