Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/51

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Ma belle dame, un mot. — Je vous tiens, quoi qu’on fasse.
Criez si vous voulez ; mais il faut qu’on en passe
Par mes volontés.

Camargo, étouffant.

Par mes volontés.Heuh !

L’abbé.

Par mes volontés.Heuh !Écoute ! si tu veux
Que nous passions une heure à nous prendre aux cheveux,
À ton gré, je le veux aussi ; mais je te jure
Que tu n’y peux gagner beaucoup, — et sois bien sûre
Que tu n’y perdras rien. — Madame, au nom du ciel,
Vous allez vous blesser. — Si mon regret mortel
De vous offenser, si —

Camargo, arrache la boucle de sa ceinture et l’en frappe au visage.

De vous offenser, si —Tu n’es qu’un misérable
Assassin ! — Au secours !

L’abbé.

Assassin ! — Au secours !Soyez donc raisonnable,
Madame ! calmez-vous. — Voulez-vous que vos gens
Fassent jaser le peuple ou venir les sergents ?
Nous sommes seuls, la nuit, — et vous êtes trompée
Si vous pensez qu’on sort à minuit sans épée.
Lorsque vous m’aurez fait éventrer un valet
Ou deux, m’en croira-t-on moins heureux, s’il vous plaît ?
Et n’en prendra-t-on pas le soupçon légitime,
Qu’étant si criminel, j’ai commis tout le crime ?

Camargo.

Et qui donc es-tu, toi qui me parles ainsi ?

L’abbé.

Ma foi, je n’en sais rien. — J’étais le Garuci
Tout à l’heure, à présent… —

Camargo, le menant à l’endroit de la fenêtre où donne la lune.

Tout à l’heure, à présent… —Viens ici. — Sur ta vie