Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/54

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L’abbé.

Quoi ! Cydalise !Eh oui ! gageons que l’on entend
D’ici les musiciens, s’il fait un peu de vent.

Tous deux prêtent l’oreille à la fenêtre. On entend une symphonie lente dans l’éloignement.
Camargo.

Ciel et terre ! c’est vrai !

L’abbé.

Ciel et terre ! c’est vrai !C’est ainsi qu’il oublie
Auprès d’elle, qui n’est ni jeune ni jolie,
La perle de nos jours ! Ah ! madame, songez
Que vos attraits surtout par là sont outragés.
Songez au temps, à l’heure, à l’insulte, à ma flamme ;
Croyez que vos bontés —

Camargo.

Croyez que vos bontés —Cydalise !

L’abbé.

Croyez que vos bontés —Cydalise ! Eh ! madame,
Ne daignerez-vous pas baisser vos yeux sur moi ?
Si le plus absolu dévouement…

Camargo.

Si le plus absolu dévouement…Lève-toi.
As-tu le poignet ferme ?

L’abbé.

As-tu le poignet ferme ? Hai…

Camargo.

As-tu le poignet ferme ? Hai… Voyons ton épée.

L’abbé.

Madame, en vérité, vous vous êtes coupée !

Camargo.

Eh quoi ! pâle avant l’heure, et déjà faiblissant ?

L’abbé.

Non pas ; mais, têtebleu ! voulez-vous donc du sang ?