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Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/59

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PALFORIO
Excusez-moi,Très excellent seigneur.
RAFAEL
Allons, démène-toi.
Vite ! va mettre en l’air ta marmitonnerie.
Donne-nous ton meilleur vin et ta plus jolie
Servante ; embroche tout : tes oisons, tes poulets,
Tes veaux, tes chiens, tes chats, ta femme et tes valets !
— Toi, l’abbé, passe donc ; en joie ! et pour nous battre
Après, nous taperons, vive Dieu ! comme quatre.

Scène IV : La loge de la Camargo. On la chausse.


CAMARGO
Il ira. — Laissez-moi seul, et ne manquez pas
Qu’on me vienne avertir quand ce sera mon pas.
— C’est la règle, ô mon cœur ! — Il est sûr qu’une femme
Met dans une âme aimée une part de son âme.
Sinon, d’où pourrait-elle et pourquoi concevoir
La soif d’y revenir, et l’horreur d’en déchoir ?
Au contraire un cœur d’homme est comme une marée
Fuyarde des endroits qui l’ont mieux attirée.
Voyez qu’en tout lien, l’amour à l’un grandit
Et par le temps empire, à l’autre refroidit.
L’un, ainsi qu’un cheval qu’on pique à la poitrine,
En insensé toujours contre la javeline
Avance, et se la pousse au cœur jusqu’à mourir.