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5. — Le Conseil demande que la rue du Four-Saint-Germain transformée reçoive le nom de rue Didot.

Rue du Four, rue Didot. — Certainement on ne peut qu’approuver la pensée de consacrer dans le quartier des Écoles une rue à la mémoire des Didot, les savants typographes parisiens, héritiers du talent et de l’érudition des Estienne ; mais la rue du Four est ancienne, très passagère et très connue sous son nom qui rappelle le four banal de l’abbaye Saint-Germain ; il y était situé. Pourquoi perdre ce souvenir ? On lui a déjà sacrifié la rue du Four-Saint-Honoré. Il existe une autre rue du Four dans le quartier Saint-Jacques, à la cime de ce Mont-Saint-Hilaire, qui fut comme le Parnasse de l’ancienne librairie parisienne. Elle rappelle aussi le four public de l’église Saint-Hilaire ; mais elle est moins connue, moins fréquentée, et, si l’une des deux homonymes doit disparaître, c’est à celle-ci qu’il faudrait imposer un nom nouveau. Celui de Didot lui conviendrait parfaitement ; mais cette voie des plus modestes conviendrait-elle aux Didot ? C’est là une autre question. En tout cas, on pourrait leur attribuer une rue nouvelle non encore baptisée.

6. — Rue Bonaparte. — Le Conseil émet le vœu que la rue Bonaparte reçoive la dénomination de rue Gutenberg.

L’ancien nom de cette rue était rue des Petits-Augustins, à cause du couvent, remplacé aujourd’hui par l’École des beaux-arts. Elle s’arrêtait autrefois à la rue Jacob, contre l’enceinte de l’abbaye Saint-Germain. Sous le Consulat, on la prolongea à travers l’abbaye, et cette prolongation seule reçut le nom de rue Bonaparte, changé sous la Restauration en rue Saint-Germain-des-Prés. Cette dénomination, beaucoup plus rationnelle, fut étendue à toute la rue quand, vers 1850, on chercha à remédier à la confusion que produisait la quasi-homonymie des rues et quais des Grands-Augustins, des Petits-Augustins et des Vieux-Augustins. Sous l’Empire (1852), on redonna à cette rue prolongée jusqu’au Luxembourg, en traversant la place Saint-Sulpice et absorbant la rue du Pot-de-Fer, la dénomination purement politique et mal motivée de rue Bonaparte. Il faut lui rendre le nom de rue Saint-Germain-des-Prés, c’est-à-dire son titre naturel et topographique qui ne flatte ni ne blesse personne et qui signifie quelque chose, tandis que le nom de rue Gutenberg ne signifierait absolument rien.