Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome II 1921.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE vii


Négociations pour un emprunt. — Ouvrard va en Angleterre. — Il amène monsieur Baring chez mon père. — Conférence avec lord Castlereagh. — Arrivée de messieurs Baring et Labouchère à Paris. — Espérances trompées. — Dîner chez la maréchale Moreau. — Brochure de Salvandy. — Influence du général Pozzo sur le duc de Wellington. — Soirée chez la duchesse d’Escars. — Monsieur Rubichon. — L’emprunt étant conclu, l’opposition s’en plaint.

J’ai déjà dit que toutes les sollicitudes du gouvernement portaient sur la libération du territoire et que cette négociation se trouvait ramenée à une question d’argent. Ouvrard, le plus intelligent s’il n’est le plus honnête des hommes de finance, s’offrit à la traiter. Il proposa plusieurs plans.

Les capitalistes français, consultés, déclarèrent unanimement qu’il n’y avait aucun fond à faire sur le crédit. Monsieur Laffite, entre autres, se moqua hautement de la pensée d’un emprunt et dit textuellement à Pozzo, dont il était le banquier et qui s’était chargé de le sonder, que la France ne trouverait pas un petit écu à emprunter sur aucune place de l’Europe.

Cet esprit de la Bourse de Paris désolait notre cabinet plus encore comme symptôme que comme résultat. Car les puissances, et surtout la Prusse, n’acceptaient pas la garantie de capitalistes français et voulaient que l’emprunt fût consenti par des étrangers. Si donc les banquiers français s’étaient présentés, il y aurait eu une difficulté d’un autre genre à les éconduire.