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CONFÉRENCE AVEC LORD CASTLEREAGH

Ouvrard seul persistait à soutenir la possibilité de rétablir le crédit. On lui donna mission pour s’en occuper et il partit pour Londres. Il se mit en rapport avec mon père qu’il séduisit par des aperçus les plus spécieux et, en apparence, les plus clairs. Il ne doutait jamais de rien. Au bout de peu de semaines, Ouvrard l’avertit que l’emprunt était fait à des conditions fort avantageuses dont il envoyait le détail à monsieur Corvetto. Les maisons Baring et Labouchère s’en chargeaient ; il ne restait plus qu’une difficulté ; elle n’était pas de sa compétence.

Messieurs Baring et Labouchère ne demandaient en aucune façon la garantie de l’Échiquier, mais seulement l’assurance qu’en se chargeant de l’opération ils ne feraient rien de contraire aux intentions du gouvernement et qui pût nuire aux intérêts anglais. Ils désiraient s’en expliquer avec mon père.

La conférence eut lieu. Monsieur Baring y fut conduit par Ouvrard. Il se déclara prêt à traiter dès que lord Castlereagh l’y aurait autorisé. Mon père se rendit chez le ministre ; ils tombèrent d’accord de ce qu’il convenait de faire pour ménager les autres puissances, et principalement les susceptibilités du duc de Wellington. Le lendemain, mon père conduisit messieurs Baring et Labouchère chez lord Castlereagh ; il les y laissa.

Peu de temps après, ces messieurs revinrent lui demander leurs passeports. Non seulement le ministre avait autorisé mais il avait approuvé et avait été jusqu’à dire que « ces messieurs feraient un acte de bon citoyen anglais en se chargeant de cette transaction, qu’ils rendraient un service éminent à l’Europe entière. » Ils étaient enchantés.

Monsieur Baring ajouta que lord Castlereagh lui avait recommandé, en souriant, de débarquer chez le duc de Wellington et de prendre ses conseils, attendu que Sa