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CONSPIRATION DE LYON

d’avoir fomenté les désordres pour obtenir de semblables récompenses. La réputation du général Canuel rendait cette grave accusation possible à croire ; il pouvait aspirer à se montrer digne émule du général Donnadieu. Le préfet de police, homme peu estimé, s’était réuni à lui pour entourer et épouvanter monsieur de Chabrol, préfet du département, qui n’agissait plus que sous leur bon plaisir.

La vérité sur la conspiration de Lyon est restée un problème historique. Les uns l’ont complètement niée ; les autres l’ont montrée tout à fait flagrante. Probablement ni les uns ni les autres n’ont complètement raison. Les opinions toujours vives dans cette ville, et encore exaltées depuis les Cent-Jours, étaient disposées à faire explosion. Quelques excitations des chefs de parti, ou quelques gaucheries de l’administration, pouvaient également amener des catastrophes. Dans cette occasion, elles furent conjurées par la présence du maréchal.

Il recueillit pour salaire l’animadversion des deux partis et même le mécontentement du gouvernement. Il le mérita un peu par la publicité intempestive qu’il laissa donner aux événements dont il avait été témoin, en rejetant tout le blâme sur l’administration. Il crut même devoir personnellement certifier de leur exactitude. Au reste, j’étais absente lorsque cela eut lieu ; je ne sais qu’en gros les circonstances de cet événement.

Les généraux Donnadieu, Canuel et surtout Dupont, qui ont été triés sur le volet par la Restauration comme gens de haute confiance, étaient sous l’Empire très peu considérés. Leur faveur a toujours fait un fort mauvais effet dans l’armée.

Les négociations pour le retour de monsieur le duc d’Orléans avaient réussi ; le prince était venu seul tâter le terrain. Cette course avait été assez mal préparée par un