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DE M. CHAPTAL.

le génie de la destruction lui a tout enlevé, le génie des sciences va tout lui rendre.

Une Commission se forme, composée de Berthollet, de Fourcroy, de Monge. On est bientôt averti, par elle, de l’immense quantité de salpêtre que produit notre sol ; les procédés usités pour la purification, ou le raffinage, de ce salpêtre demandaient plusieurs semaines : elle en imagine qui le raffinent en quelques heures. Des procédés non moins expéditifs sont appliqués à la fabrication de la poudre ; en quelques mois, et sous la direction de M. Chaptal, on a recueilli jusqu’à seize millions de salpêtre, et la seule poudrière de Grenelle produit jusqu’à trente-cinq milliers de poudre par jour.

Au moment où commença ce grand mouvement d’un patriotisme tout scientifique, M. Chaptal se trouvait encore à Montpellier, et il fut chargé de diriger la fabrication du salpêtre dans le Midi ; mais les immenses résultats qu’il obtint le firent bientôt appeler à Paris.

C’est là que, réuni à Berthollet, à Monge, à Fourcroy, à Guyton-Morveau, à Carny, et, de plus, chargé seul de la direction immédiate de la poudrière de Grenelle, il concourut si activement à ce prodigieux déploiement de ressources nationales, dont nous venons de parler.

La poudrière de Grenelle avait été établie pour une fabrication de huit milliers de poudre par jour, et tout avait été calculé en conséquence : l’étendue de l’enceinte extérieure ; la disposition des bâtiments intérieurs, espacés de manière que, le feu prenant à l’un d’eux, le bâtiment voisin n’en fût pas atteint. Mais, à peine eut-on obtenu ces huit milliers de

T. XV. Hist. 1835
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