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culte des ancêtres, l’idolâtrie de la coutume, l’ascendant d’une morale pratique et traditionnelle y avaient servi d’aliment à une suite d’œuvres littéraires, dont le caractère officiel et sérieux contraste avec le ton enjoué et frivole de la littérature Chinoise aux époques d’une civilisation plus raffinée. L’étude de la Chine ancienne devra donc nous arrêter quelque temps, si nous voulons bien connaître les productions qui datent des siècles de son indépendance politique et religieuse. Quand la religion de Fo (c’est le nom mutilé de Bouddha) vint détrôner en Chine la religion nationale, il s’opéra une révolution complète dans la littérature qui prit un plus grand développement entre les mains des Bouddhistes qu’entre celles des Tao-sse ; c’est cette littérature, mêlée d’ailleurs d’élémens profanes, qui se propagea, grâce à la prépondérance du Céleste Empire, dans les contrées qui l’entourent, à la Corée et au Japon : les découvertes, dues à la première civilisation de la Chine, se fondirent dans sa civilisation nouvelle qui devait absorber tour à tour ses farouches vainqueurs et s’étendre aux îles des mers voisines. Sans nous occuper des conjectures sur la transmission probable du Bouddhisme jusqu’en Amérique, où l’auraient porté des colonies Asiatiques, il nous est déjà permis de constater quelle a été l’extension géographique de cette idolâtrie contemplative qui compte depuis deux mille ans des millions de sectateurs[1], et nous apercevons aussitôt quelle doit être la volumineuse richesse de la littérature Bouddhique, dont tant de langues n’ont fait que répéter les idées fondamentales ou les paraphraser avec peu de variété dans leur interprétation : c’est au point de vue de l’influence des doctrines autant que de la persistance originale des formes que nous pourrons trouver plus d’un genre d’attrait

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