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    détachées. Il faut savoir gré aussi à la Société Asiatique de Paris d’avoir inséré naguère dans son Journal les inscriptions cunéiformes de Van et plus récemment celles de Ninive recueillies par Mr Botta avec de nombreux dessins de sculptures, afin de les proposer aussitôt que possible aux études des linguistes et des archéologues.

    Ces souvenirs précieux à recueillir pour l’histoire des lettres, comme pour celle des religions Asiatiques, se retrouvent dans les noms de pays et de peuples : l’Iran des poètes persans rappelle l’Eriene des livres Zends et la contrée dite Ariana par les géographes anciens ; l’âryâvarta des ouvrages sanscrits est le siège le plus ancien de la civilisation Brahmanique. Les peuples qui ont reçu de leurs voisins d’autres noms plus connus conservent le nom d’Ariens comme leur nom national ; les Indiens, celui d’Aryas, ou excellents, vénérables ; les peuples Zends, celui d’Airya : les Mèdes, qu’Hérodote appelait ἄριοι, sont appelés Arikh par les Arméniens dont le nom semble avoir la même étymologie. L’analogie de signification des noms cités et leur valeur ethnographique ont été jugées par Mr Lassen dans un résumé complet de la question qui ouvre son nouvel ouvrage sur l’Inde (Indische Alterthumskunde, t. I, part. I, p. 4-9, p. 527 suivant. — Bonn, 1844).

    Depuis vingt années on a fait connaître à l’Europe la plupart des genres de la littérature Sanscrite dans des textes ou des traductions et une saine critique, s’élevant au-dessus des préjugés nationaux, a pu faire sur le champ la part de l’éloge et du blâme ; la masse du public littéraire était libre cette fois encore de juger selon ses caprices, de louer ou de mépriser d’après ses instincts du moment ; mais il est pour ainsi dire incroyable qu’une grande partie du public savant, se piquant d’ailleurs d’érudition classique, ait affecté si longtemps le dédain de l’ignorance, sans concevoir que pour comprendre les productions Sanscrites, il faut les rapprocher patiemment et, pour les bien juger, reconstruire en pensée le monde qui les a créées avec le climat qui leur a imprimé ses vives couleurs. Qu’on les condamne, mais seulement au nom de ce sens d’une critique intelligente, qui est propre aux grands peuples du monde civilisé et qui conçoit la beauté des formes de l’art comme inséparable de l’harmonie constante des proportions !

    Pouvions-nous mieux faire que d’emprunter à M. Abel-Rémusat cette épithète heureuse qui définit si brièvement une vaste littérature, commune à tous les peuples de même croyance sans appartenir à aucun en particulier ? Nous complétons sa définition de la littérature Bouddhique par les termes dont il s’est servi lui-même pour l’expliquer : « … c’est la théologie de Bouddha qui en est la base. De vastes traités de morale, de métaphy-