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assigner certaines limites : ainsi l’Éthiopien, le Copte, l’Arabe des états barbaresques seront compris dans le tableau des langues Orientales par des raisons historiques d’affinité, et il en sera de même des langues Malayes fortement imprégnées d’élémens Indiens ; mais il n’entrera pas dans notre plan de classer à la suite des langues de l’Orient les langues de l’intérieur de l’Afrique, langues informes et pauvres la plupart, parlées par des peuplades sauvages, ou bien les langues de l’Amérique, mélangées et multipliées à l’infini, comme les tribus qui en ont gardé quelques débris. Je ne fais qu’indiquer en passant des études spéciales qui supposent la connaissance des langues Asiatiques comme un critérium infaillible dans le jugement des questions d’origine et de parenté : les recherches déjà entreprises sur les langues Africaines, Polynésiennes et Américaines, ont fourni d’assez abondans matériaux pour constituer dès à présent un genre d’étude bien distinct, et qui promet de grands résultats à la philosophie comme à l’histoire, si la philologie y apporte les procédés d’une synthèse intelligente[1].

L’étude des langues Orientales offre une grande variété d’application, surtout si on les prend chacune en particulier et dans un but spécial ; considérée dans ce qu’elle a de plus général, elle peut être ramenée à une triple destination : leur étude peut être grammaticale, littéraire, comparative d’après le point de vue qui dirige les recherches individuelles.

  1. Si Alexandre de Humboldt a eu la gloire de décrire, avec ce génie qui devine les progrès de la science, la nature du sol et les lois du climat de l’Amérique, il était réservé à son illustre frère, le baron Guillaume de Humboldt, d’analyser le premier les langues à peine recueillies de ce double continent ; son immense ouvrage sur les langues Américaines, digne pendant de son travail déjà connu sur les langues de l’archipel Malay et de la Polynésie, est déposé à la bibliothèque royale de Berlin ; la publication en est confiée encore au professeur Buschmann, qui a parcouru lui-même plusieurs contrées de l’Amérique pour réunir de nouveaux vocabulaires.