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qu’elles ont joui de la plus longue culture dans les siècles modernes de l’Inde, sont :

γ) Le Bengali ou Gaure, encore parlé par trente millions d’hommes dans le Bengale, le Népalais, le Cachemirien, le Penjabien, le Guzarate, le Bikanérien avec le Braj-bhâkhâ et les autres dialectes de l’Hindoustan proprement dit, le Mâghadique, le Mahratte[1].

δ) En dehors de ces langues provinciales existe une langue qui n’a pas de domaine nettement circonscrit, mais qui est commune aux classes supérieures de toute l’Inde centrale depuis Calcutta jusqu’à Bombay : c’est l’Hindoustani, formé des dialectes Indiens de l’Hindoustan, mêlé d’une foule de mots arabes et persans, cultivé dans l’esprit des littératures Musulmanes ; à l’Hindoustani, langue du commerce et des relations sociales, se rattache l’Hindi qui, resté plus pur de mots étrangers, est devenu la langue des poëtes nationaux au centre de l’Inde[2].

ε) Il faut joindre aux langues de l’Inde septentrionale le Zingane, parlé dans les contrées voisines de l’Indus par les Zinganes avant leur émigration en Europe qui ne date que de quelques siècles. Quoique disséminés au milieu de populations hétérogènes, sous les noms de Zigeuner, Zingani, Gitanos, Bohémiens, Gypsies, ils ont conservé leur type et leur couleur, leurs mœurs et leurs superstitions, ainsi que le fond de leur langue de souche sanscrite, dont les élémens, recueillis et analysés par quelques savans, viennent d’être réunis sous la forme systématique de grammaire[3].

  1. Dans un excursus de sa grammaire pracrite, Mr  Lassen classe les langues vulgaires d’origine sanscrite et en compte jusqu’à vingt-quatre, y comprenant l’Hindoustani, p. 17 — 26.
  2. L’intérêt littéraire de ces deux idiomes est maintenant bien connu en Europe, grâce aux publications multipliées de Mr  Garcin de Tassy, digne émule des Indianistes anglais.
  3. C’est la première partie de l’ouvrage du Dr Pott, professeur à Halle : die Zigeuner in Europa und Asien (1844, 8°), ouvrage d’ethno-