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des voyageurs et des savans. Le XIXe poursuit ces recherches et il les complète : il agrandit le domaine de chaque littérature en rapportant à l’histoire des lettres chez un peuple tous les faits qui appartiennent à la même époque et dépendent de la même civilisation : c’est ainsi qu’il forme par la comparaison systématique des sources une sorte d’encyclopédie historique et littéraire qui résume la pensée du monde Oriental, Qu’on observe bien qu’il ne s’agit pas seulement des patientes et graves études de l’érudition : les productions de ce monde qui est si loin de nous ont joui d’un empire plus immédiat et plus réel sur l’intelligence des contemporains ; elles ont fourni à l’opinion des idées nouvelles et imprimé des formes nouvelles au style littéraire. N’est-ce pas avec raison que nous donnerions au mouvement opéré par ces idées et ces formes le nom de Renaissance Orientale[1] ? Ne voyons-nous pas depuis le commencement de ce siècle philosophes et historiens, prosateurs et poètes, payer tribut aux conceptions du génie Oriental répandues en Europe sous toutes les formes ? Le chantre Allemand des Héros de l’Iran, rival de Ferdousi dans son énergique paraphrase, J. Goerres a tiré des premiers livres apportés d’Orient son ingénieuse Histoire des mythes du monde Asiatique ; F. Creuzer, venu après lui, a puisé dans les mêmes fragmens la partie comparative de sa Symbolique des peuples de l’antiquité. On sait que Fr. Schlegel, comme Herder, a donné la première place à l’Orient dans l’histoire primitive de l’humanité ; que J. F. Molitor a recherché dans les sources hébraïques la Philosophie

  1. M. Edgar Quinet s’est servi de la même expression dans son Génie des Religions où il esquisse en termes poétiques le mouvement Oriental des temps modernes ; il lui donne toutefois une extension bien plus grande en faisant remonter cette seconde renaissance aux découvertes des Portugais chantées par Camoens ; puis, dans son style de prophète, il conclut par la prédiction d’une réforme religieuse et civile qui se manifeste déjà dans le panthéisme Oriental de l’Allemagne.