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D’UNE PARISIENNE

plaisir pris et ils conservent la souvenance d’une vision très douce, sorte de luciole qui scintille dans la brume de leur intelligence.

Elles étaient bien quatre ou cinq cents, assises sur les gradins en amphithéâtre de la salle de cours, où les jeunes médecins viennent étudier les phénomènes nerveux et terribles qui ont détraqué ces cervelles et amené la folie.

Quel pénible coup d’œil !

Quelques-unes sont encore des enfants, jolies, ma foi, et dont les fronts ombragés de beaux cheveux semblent intelligents. Ce sont les filles de parents déments ou alcooliques, que l’hérédité marque de sa griffe, et qui sont torturées par des crises d’hystérie ou d’épilepsie.

Puis, entre les infirmières, avenantes sous leurs bonnets blanc, avec leurs fichus de mousseline croisés chastement sur la gorge, on aperçoit les agitées, qui roulent des yeux inquiets.

Plus loin sont les idiotes, abêties par le crétinisme, et les malades, les neurasthéniques dont les nerfs tenaillés vibrent trop fort.

Je les regarde longuement, les pauvres : les