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D’UNE PARISIENNE

rubans clairs ; celles-là vêtues de jupes déteintes, de blouses de soie ou de velours dont les coutures bâillent.

Elles font des mines, se reluquent entre elles et finissent par prendre place avec beaucoup de façons devant les tables à thé.

Les salutistes s’empressent maternelles, trouvent de bonnes paroles.

— Mangez, ne vous gênez pas. Voulez-vous ce gros chou à la crème ? tenez, prenez un sandwich, une orange, et cette belle pomme.

Peu à peu la gêne s’en va, les cœurs mollissent, c’est le moment des confidences pour quelques-unes. Elles

racontent leur vie aux officières attentives qui cherchent à sonder la plaie morale, se demandant s’il n’est point trop tard pour arrêter les progrès de la gangrène qui pourrit ces pauvres êtres.

La grande fille maigre aux cheveux en broussaille est tout près de moi, elle n’a pas faim. Elle émiette son pain, chipote ses gâteaux.

« Elle a l’estomac à l’envers. » Fébrile, elle