Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
271
D’UNE PARISIENNE

m’entraient dans le cœur et le gonflaient… gonflaient… à le faire éclater. Ah ! c’est bon… mais douloureux tout de même.

Je voudrais maintenant connaître les impressions de scène de la jeune lauréate. Mais elle ne sait pas, elle n’a rien vu, rien senti.

— Je suis entrée, et tout de suite j’ai été dans mon rôle, je n’étais plus moi, mais Victorine, et je m’emportais pour de bon, je pleurais de vraies larmes, vous savez. Si bien qu’un moment j’ai eu peur de ne pouvoir donner la réplique, j’étranglais, la gorge serrée par de vrais sanglots.

— Vous aimez beaucoup le théâtre ?

— Passionnément. J’étais toute petite que déjà j’y pensais, mais en silence, à cause de maman… Enfin, tout est bien maintenant, j’ai réalisé mon rêve, et je suis heureuse !… heureuse !… il ne doit pas être possible de l’être davantage.

— Espérons, ponctue la mère, que tous ces succès ne te laisseront pas trop vite désillusionnée…

La jeune fille a un mouvement plein d’insou-