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Page:NRF 11.djvu/1019

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CHRONIQUE DE CAERDAL IOI3

Sardes : " Je n'ai jamais eu l'idée que les hommes fussent injustes envers moi. Je n'ai jamais cru que la société me dût la moindre chose ; Helvétius me sauva de cette énorme sottise : la société paye les services qu'elle voit. " Sentence qui divise à jamais l'homme digne de vivre d'avec tous ceux parmi lesquels il vit.

��Au jugement de plusieurs, Stendhal passe pour présumer trop de soi : on le dirait un peu fat : qu'est-ce que cette impertinente satisfaction ? elle fait la légère, et n'est pas sans lourdeur. Enfin, parce qu'elle est ironique, sa sincérité paraît sus- pecte. Quand un homme est si nu, comme on exige qu'il fasse des grimaces, on les lui prête : Stendhal n'en a point d'autres, que celles qu'on lui fait faire.

Il ne répand son coeur qu'en manuscrit. Il cache ses émotions, parce qu'il n'a pas de bonheur, et d'immenses prétentions à être heureux.

Un masque de glace a tout l'effet de la suffi- sance. Dans la réserve d'un homme, ses ennemis voient de la fatuité : ils n'entendent pas qu'il songe à se défendre d'eux, voire de soi. Un air d'amour propre nous est une façon de nous mettre en garde.

A force de passion, un homme semble sans cœur. L'égoïste par passion est le plus décrié.

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