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Page:NRF 11.djvu/1039

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CHRONIQUE DE CAERDAL 1^33

français aux passions étrangères, plus il réussissait à se les asservir. C'est Tamour qui fait les vraies conquêtes. On est maître le plus de ce que plus Ton aime. Je parle de Tesprit et de ces belles guerres, où le vainqueur cède amoureusement les armes au vaincu. Avec la bonté du terroir, et pareille au sol même de la France, la pensée de Stendhal s'est fécondée de tout l'Occident ; les plants du nord et du midi y purent croître en qualité, portant des parfums et des bouquets nou- veaux à l'antique culture et au commun vignoble. Voltaire et Rousseau avaient été des Français pour toute l'Europe. Stendhal le premier, depuis Montaigne, fut un Européen de France. Et lui seul, avec Goethe, jusqu'ici l'a été.

XIV

ASSEZ HAUT POUR NE PAS ÊTRE DUPE

Tout païen, et pourtant de sensibilité très catholique, il se garde, il rirait de méconnaître la chair : les barbares qui la violentent, d'ailleurs, la servent à leur insu plus grossièrement que les autres. Stendhal, plus il donne aux sens, plus il les cultive, et moins il s'y limite. La recherche de la volupté, qui est toute sa morale, ne le porte, comme Montaigne, qu'à distinguer plus finement entre les plaisirs. Et comme Montaigne préfère le

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