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��Le dessous du masque, poèmes par François Porche (Edition de la Nouvelle Revue Française, 3 fr. 50).

Un très beau livre et dont nous eussions aimé parler longue- ment si les principaux chapitres n'en avaient été publiés d'abord dans cette revue. Un livre auquel on ne donnera peut- être pas l'attention qu'il mérite, tant la qualité en est secrète. François Porche ne s'est pas créé un royaume poétique à part ; pour le suivre il n'est pas besoin de se dépayser. Il reprend les objets les plus ordinaires, les événements les plus inévitables de la vie humaine ; il les reprend avec son âme et elle leur impose une douce correction, un perfectionnement tout voisin, un approfondissement sur place par quoi ils nous sont rendus comme une seconde fois intérieurs. La seule intervention du poète ici est non pas de développer ni d'agrandir, mais simplement de remarquer avec plus de lenteur et de respect que nous ne saurions faire les choses mêmes que nous avons entre les mains, les passions qui nous sont communes avec lui. Il y a dans ce livre, sur l'amour et sur le plaisir, des poèmes d'une hardiesse qui, tant elle demeure proche des émotions normales, ressemble à la plus sévère pudeur. Et cette observance de la normale persiste jusque dans l'analyse des états les plus égarés, jusque dans cette suite admirable intitulée Pire que la mort, où le poète revit l'histoire d'un de ses amis devenu fou. Rien de plus poignant que la façon dont il retrouve la santé au sein même du délire : il en ranime les traces, il la reconstitue et, par une

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