Page:NRF 11.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vers les épaules de son beau-frère ; elles se trémoussaient, comme soulevées par un rire profond, irrépressible ; et c’était certes grand’pitié que de voir ce vaste corps à demi perclus occuper à cette parodie le reliquat de ses disponibilités musculaires. Allons ! décidément leurs positions étaient prises ; l'éloquence de Baraglioul n’y pourrait rien changer. Le temps peut-être ? le secret conseil des saints lieux... D’un air immensément découragé Julius disait seulement :

— Anthime, vous me faites beaucoup de peine (les épaules aussitôt s’arrêtaient de danser ; car Anthime aimait son beau-frère). Puissé-je, dans trois ans, à l’époque du jubilé lorsque je viendrai vous rejoindre, puissé-je vous trouver amendé.

Du moins Véronique accompagnait-elle son époux dans des dispositions d’esprit bien différentes ; pieuse autant que sa sœur Marguerite et que Julius, ce long séjour à Rome répondait à l’un des chers entre ses vœux ; elle meublait de menues pratiques pieuses sa monotone vie déçue, et, bréhaigne, donnait à l’idéal les soins que ne réclamait d’elle aucun enfant. Hélas ! elle ne gardait pas grand espoir de ramener à Dieu son Anthime. Elle savait depuis longtemps de quel entêtement était capable ce large front barré, de quel déni. L’Abbé Flons l’avait avertie :

— Les plus inébranlables résolutions, lui disait-il. Madame, ce sont les pires. N’espérez plus que d’un miracle.

Même, elle avait cessé de s’attrister. Dés les premiers jours de leur installation à Rome, chacun des deux époux, de son côté, avait réglé son existence retirée, Véronique