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I20 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Car les contraires y voisinent étrangement, et, dirait-on, avec intention. Avec la tMaison du Berger y roulante et poétique, où son rêve intérieur isole Thomme de tout contact grossier, contraste la maison du colon, dans le SauvagCy l'ennoblissement de la vie civilisée, de la loi, qui s'opposent et s'imposent à la vie spontanée et à la liberté sauvage. Les vers à Eva font à la femme la plus fervente apothéose, la Colère de Samson s'avance sur elle chargée des plus âpres fureurs et de malédictions. Le désespoir de la Mort du Loup et du Mont des Oliviers^ qu'en reste-t-il dans la Bouteille à la Mer ? " Avoir toujours présente à la pensée, écrivait-il dans Stello^ les images choisies entre mille de Gilbert, de Chatterton et d'André Chénier. " Et maintenant,

Oubliez les enfants par la mort arrêtés^ Oubliez Chatterton^ Gilbert et Malfilâtre. De F œuvre d^ avenir saintement idolâtre Enfin oubliez P homme en vous-même...

L'œuvre d'art, la bouteille à la mer, est devenue un absolu, qui se suffit, le même absolu qu'exalte V Esprit pur.

Ton règne est arrivé^ pur esprit^ roi du monde.

La vie intérieure et la vie extérieure ne font plus qu'un pur diamant, à la fois le plus dur des corps et, jusqu'à son cœur, le plus pénétré de lumière. Celui qui dressa dans Stello les cahiers colériques du poète contre la société, dans ses dernières paroles ne sait plus, ne voit plus que l'œuvre de poésie, quand, se dévoilant nue, elle a rejeté le poète lui-même, comme un vêtement inutile.

De là la densité de ce frêle volume des Poésies, sa valeur

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