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��UNE VISITE A JEAN-DOMINIQUE INGRES

yf André Ruytgrs

Montauban n*est pas un de ces endroits de la terre qu'on voudrait presser contre son cœur. Rien n'y charme ; rien n'invite à y prolonger la journée. Elle est sévère et triste, et pleine de vastes espaces silencieux. Dans tous les aspects de cette ville, quelque chose de dur se fait sentir. Un grand caractère d'histoire et de vertu lui compose une figure unique entre toutes : elle est sérieuse et passionnée.

Un immense horizon de plaine en fait lentement le tour. Je ne sais rien de plus plantureux, mais aussi de plus monotone que ce qu'on nomme la vallée de la Garonne, entre Toulouse et Montauban. Passé les coteaux de Castelnau, qui rompent un moment le ciel, et si joli- ment argentés et moirés, le paysage n'est plus qu'une étendue indéfinie de prairies et de vignes, que traverse un beau fleuve au cours paresseux, bordé d'un frémissement ininterrompu de peupliers. Rien n'est moins propre à exalter le coeur, et ne l'est sans doute davantage à déve- lopper cette finesse, ce goût de la nuance qui fleurissent dans tous les pays de cultures. C'est une Gascogne modé- rée et encore capable de réflexion.

Montauban n'est point en désaccord avec cette abon- dance tout intérieure. A première vue, elle ennuie. On

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