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��244 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE ^

tranche sur l'ordinaire. Ce n'est pas pour eux que j'écris.

Que le représentant de Dieu sur terre ait pu être enlevé du Saint Siège, et, par l'opération du Quirinal, volé en quelque sorte à la chrétienté entière — c'est un problème très épineux que je n'ai point la témérité de soulever. Mais il est de fait historique que, vers la fin de l'année 1 893, le bruit en courut ; il est patent que nombre d'âmes dévotes s'en émurent. Quelques journaux en parlèrent craintivement ; on les fît taire. Une brochure sur ce sujet parut à Saint Malo ^ ; qu'on fît saisir. C'est que, non plus le parti franc-maçon ne tenait à ce que s'ébruitât le récit d'une si abominable forfaiture, que le parti catholique n'osait appuyer ou ne se résignait à couvrir les collectes extraordinaires qu'on entreprit aussitôt à ce sujet. Et sans doute nombre d'âmes pieuses se saignèrent (on estime à près d'un demi-million les sommes recueillies o\x dispersées à cette occasion), mais il restait douteux si tous ceux qui recevaient les fonds étaient de vrais dévots, ou parfois des escrocs peut-être. Toujours est-il qu'il fallait pour mener à bien cette quête, à défaut de religieuse conviction, une audace, une habileté, un tact, une élo- quence, une connaissance des êtres et des faits, une santé, que seuls pouvaient se piquer d'avoir quelques rares, tels que Protos, l'ex-copain de Lafcadio. J'avertis honnêtement mon lecteur : c'est lui qui se présente aujourd'hui sous l'aspect et le nom emprunté du chanoine de Virmontal.

^ Compte-rendu de la Déliojrance de Sa Sainteté Léon XIII empri- sonné dans les cachots du Vatican (Saint Malo, imprimerie Y. Billois, rue de rOrme 4, 1893.

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