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Page:NRF 11.djvu/292

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286 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Il contemplait le plan. — " C'est là qu'il faut trouver à se loger ", avait-il décidé, posant l'index sur le quai di Tordinona, en face du Château Saint-Ange. Et, par une conjoncture providentielle, c'est aussi là que se proposait de l'entraîner Baptistin ; non sur le quai précisément, qui n'est à proprement parler qu'une chaussée, mais tout auprès : via dei Vecchierelli, c'est-à-dire : des petits vieil- lards, la troisième rue, en partant du ponte Umberto, qui vient buter sur le remblai ; il connaissait une maison tranquille (des fenêtres du troisième, en se penchant un peu, on aperçoit le Mausolée) où des dames très complai- santes parlent toutes les langues, et une en particulier le français.

— Si Monsieur est fatigué on peut prendre une voiture; c'est loin... Oui, l'air est plus frais ce soir ; il a plu ; un peu de marche après le long trajet fait du bien... Non, la valise n'est pas trop lourde ; je la porterai bien jusque là... Pour la première fois à Rome ! Monsieur vient de Toulouse peut-être ?... Non ; de Pau. J'aurais dû recon- naître l'accent.

Ainsi causant ils cheminaient. Ils prirent la via Vimi- nale ; puis la via Agostino Depretis, qui joint le Viminale au Pincio ; puis, par la via Nazionale, ils gagnèrent le Corso, qu'ils traversèrent ; à partir de quoi ils progressèrent à travers un labyrinthe de ruelles sans nom. La valise n'était pas si lourde qu'elle ne permît au facchino un pas très allongé que Fleurissoire n'emboîtait qu'à grand peine. Il trottinait aux côtés de Baptistin, recru de fatigue et fondu de chaleur.

— Nous y voici, dit enfin Baptistin, alors que l'autre allait demander grâce.

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