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Page:NRF 11.djvu/309

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LES CAVES DU VATICAN 3O3

pic abbé, devenait le chapelain Bardolotti, se rendait sur les pentes du Vomero et, dans une modeste villa, recevait quelques rares intimes et les lettres secrètes que les initiés lui adressaient sous ce faux nom. Mais même sous ce déguisement vulgaire il ne se sentait pas à l'abri ; il n'était pas bien sûr que les lettres qui lui parvenaient par la poste ne fussent pas ouvertes, et suppliait que, dans la lettre, rien de significatif ne fût dit, que, dans le ton de la lettre, rien ne laissât pressentir son éminence, ne respirât, si peu que ce soit le respect.

A présent qu'il était de mèche, Amédée souriait à son tour.

— Ma vieille... Voyons ! qu'est-ce qu'on va lui dire, à cette chère vieille ? plaisantait l'abbé, hésitant du bout du crayon : — Ah ! : ye t'amène un vieux rigolo. (Si ! si ! laissez : je sais le ton qu'il y faut !) ^ors une bouteille ou deux de Falerne^ que demain nous viendrons siffler avec toi. On rira. — Tenez : signez aussi.

— Je ferais peut-être mieux de ne pas mettre mon vrai nom.

— Vous, cela n'a pas d'importance, reprit Protos qui, à côté du nom d'Amédée Fleurissoire, écrivit : Cave.

— Oh ! très habile !

— Quoi ? cela vous étonne que je signe de ce nom-là : Cave ? Vous n'avez que celle du Vatican dans la tête. Apprenez ceci, mon bon Monsieur Fleurissoire, : Cave est un mot latin qui veut aussi dire : Prends Garde !

Le tout était dit sur un ton si supérieur et si bizarre que le pauvre Amédée sentit un frisson lui descendre le long du dos. Cela ne dura qu'un instant ; l'abbé Cave avait déjà repris son ton affable, et, tendant à Fleurissoire

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