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350 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAII

et qu'on ne connaîtra plus guère ensuite, car le Huron vivant, l'homme de la nature, le soucieux Rousseau va venir tout gâter. Il n'empêchera pas Stendhal. Mais comme auprès de Voltaire, Anatole France est morose ! Il faut lui préférer M. Abel Hermant, qui connaît parfois cette santé-là... C'est la santé de l'art, en somme... — MM. Régis Gignoux et Charles Méré n'ont eu garde, dans leur adaptation, d'atténuer les traits satire, ni de " gazer " aux endroits lestes. Ils ont, partout où i] ont pu, transcrit les phrases mêmes de Voltaire et respecté 1< indications de gestes. Ils se sont ingéniés à raccorder si biei aux citations textuelles les mots de leur invention, que ce] forme un tout continu et indissoluble — et par un miracle qu'on n'espérait pas si complet, ils ont du roman idéologiqui fait surgir de vrais personnages, des caractères et des types l'entremetteuse, le jésuite, le Huron. Ah ! celui-ci, c'est nature même et M. Harry Baur le joue excellemment. On nc; saurait trop féliciter les dramaturges de leur respect, de leurs intelligence, de leur adresse. Le piquant de l'affaire est que cette] pièce a paru au public la plus originale qu'on eût jouée depui) longtemps, la plus hardie qu'on eût jamais osé écrire. Ei chacun s'écriait : " Quel est donc ce nouvel auteur qui a o idées curieuses ? " Voilà comment, grâce à MM. Charles Mé] et Régis Gignoux, le beau monde est en train de faire connais sance avec les contes de Voltaire. Candide est dans tous li boudoirs.

H. G

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