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386 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bonheur ou cette lâcheté qui font le propre de chaque être. Je crois à la grâce de Dieu. On n'est pas libre, mais on est puni comme si on l'était. Et la décision que je prendrai maintenant, j'en porterai le poids toute ma vie. Si je me décide pour la vie n^ i quelle lâcheté, mais si je choisis la vie n° 2, quelle audace, quel trouble chaque jour, quelle lutte à chaque instant, quel regret d'abandonner la vie et les Yèntès faiseuses de calme !

Tu comprends bien, de Prévost-Paradol et de Taine, à qui va ma sympathie. J'ai horreur de Taine qui a l'esprit faux, l'intelligence étriquée, appliquée, vraiment normalienne. J'aime Prévost- Paradol, ses fièvres radieuses et vaines, son enthou- siasme irréfléchi, ses grandes tristesses, son im- puissance très distinguée, son courage final, sa vie inutile et sa mort vaillante. Quel passionné, quel amoureux ! L'autre a un tablier noir, une applica- tion de primaire : il est bien trop loin d( Shakespeare.

Mais aussi Prévost-Paradol est un raté. Il s'ea- gage dans un chemin, puis le rebrousse, revient son point de départ, s'épuise, se disperse, s'épar- pille. Ou bien il ne faut pas engager la batailh ou bien il faut être vainqueur. Quelle terribh hésitation quand on est belliqueux mais vit< découragé !

Donne-moi un conseil et pardonne-moi de n< pas te dire les choses plus clairement. D'ailleun

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