Aller au contenu

Page:NRF 11.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

470 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

couché près d'Arnica, au milieu de mon ordinaire.

— Mon ami, vous aviez la fièvre.

Fleurissoire lui saisit la main, et d'une voix pathé- tique :

— La fièvre ! vous l'avez dit : j'ai la fièvre. Une fièvre dont on ne guérit point, et dont on ne veut pas guérir. Une fièvre, je l'avoue, dont j'espérais que vous seriez saisi tout de même lorsque vous viendriez à con- naître ce que je vous ai révélé ; oui, que j'espérais vous communiquer, je l'avoue, afin qu'ensemble nous brûlions, mon frère... Mais non ! je le sens bien à présent, c'est solitaire que s'enfonce l'obscur sentier que je suis, que je dois suivre ; et même ce que vous m'avez dit m'y oblige... Eh quoi ! Julius, serait-il vrai ? Alors on ne LE voit pas ? On ne parvient pas à le voir ?...

— Mon ami, reprit Julius, en se dégageant de l'étreinte de Fleurissoire qui s'exaltait, et lui posant à son tour une main sur le bras : — Mon ami, je m'en vais vous avouer quelque chose que je n'osais vous dire tout à l'heure : Quand je me suis trouvé en présence du Saint- Père... eh bien ! j'ai été pris d'une distraction.

— D'une distraction ! répéta Fleurissoire abasourdi.

— Oui : brusquement je me suis surpris pensant à autre chose.

— Dois-je croire à ce que vous dites ?

— Car c'est précisément alors que j'ai eu ma révéla- tion. Mais, me disais-je, poursuivant ma première idée — mais, à le supposer gratuit, l'acte mauvais, le crime, le voici tout inimputable ; et imprenable celui qui l'a commis.

— Quoi ! vous y revenez, soupira désespérément Amédée.

�� �