SEJOUR DE STENDHAL A BRUNSWICK 577
cœur, m'empêche de me dessécher l'âme entièrement.
J'ai aussi la Cène de Morghen, contrefaite par Rainaldi. J'en suis fort content, surtout des figures qui sont à la droite de Jésus.
J'ai aussi un beau paysage du Lorrain, le soleil vu à minuit à Torneo, et le portrait de Frédéric IL
Je veux mettre Frédéric à côté de Raphaël, sous Frédéric : Nord^ sous Raphaël : Midi, Sous Lorrain : Midi, Nord sous Torneo :
Cela rend un peu mes impressions.
Hier soir, à onze heures, on frappe à ma porte ; je revenais de chez Saucerotte.
C'était l'excellent général Mich[aud] ^ et Durzy qui étaient à l'hôtel d'Angleterre. Excellent accueil du géné- ral M[ichaud], bonté extrême. Comme il avait l'air content, comme il m'embrassa en entrant et sortant, comme il m'éclaira jusqu'à la dernière rampe !
J'étais content, en revenant à une heure, de cette joie rare que donne le contentement des hommes.
Il rit avec moi du mariage d'Ad[èle]. Drôle de pané- gyrique de Pét[iet] ; il croit qu'il va devenir poitrinaire. C'est, je crois, un Poco.
Ce soir, soirée chez le grand maréchal ; j'y arrive tard. Tristesse de madame la grand-juge, air d'épuisement du mari.
Je reçois une lettre de ma sœur ; il y a un an d'expé- rience entre cette lettre et la dernière. L'agitation forme. Elle est fort liée avec V.
^ Beyle avait été aide-de-camp du général Michaud en Italie, alors qu'il était sous-lieutenant (1801).
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