Page:NRF 11.djvu/666

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

66o LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

(j'entends : celui du vêtement), je suis tranquille ; mais vous comprenez que, sitôt divulgué le nom de la victime, il faudra que j'avertisse toute ma famille, que j'envoie des dépêches, que j'écrive des lettres, que je m'occupe des faire-part, de l'inhumation, que j'aille à Naples réclamer le corps, que... Oh ! mon cher Lafcadio, à cause de ce congrès auquel je vais être tenu d'assister, accepteriez- vous, par procuration, de chercher le corps à ma place ?...

— Nous verrons cela tout à l'heure.

— Si toutefois cela ne vous impressionne pas trop. En attendant j'épargne à ma pauvre belle-sœur des heures cruelles ; d'après les vagues renseignements des journaux, comment irait-elle supposer... ? Je reviens à mon sujet : Quand j'ai donc lu ce faits-divers^ je me suis dit : ce crime-ci, que j'imagine si bien, que je reconstitue, que je vois — je connais, moi, je connais la raison qui l'a fait commettre ; et sais que, s'il n'y eût pas eu cet appât des six mille francs, le crime n'eût pas été commis.

— Mais supposons pourtant que...

— Oui, n'est-ce pas : supposons un instant qu'il n'y ait pas eu ces six mille francs, ou mieux : que le criminel ne les ait pas pris : c'est mon homme.

Lafcadio cependant s'était levé ; il avait ramassé le journal que Julius avait laissé tomber, et l'ouvrant à la seconde page :

— Je vois que vous n'avez pas lu la dernière heure : le... criminel, précisément, n'a pas pris les six mille francs, — dit-il du plus froid qu'il put. Tenez, lisez : " Cela semble indiquer tout au moins que le crime n aurait pas eu le vol pour mobile. "

�� �