Aller au contenu

Page:NRF 11.djvu/678

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

672 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Le sommeiller revint avec la Saint-Galmier et le Cham- pagne, qu'il déboucha d'abord et posa entre les deux convives. Cette bouteille ne fut pas plus tôt sur la table, Defouqueblize s'en saisit, sans distinguer quelle elle était, s'en versa un plein verre qu'il avala d'un trait... Le sommellier déjà faisait un geste, que Lafcadio retint en riant.

— Oh ! qu'est-ce que je bois là ? s'écria Defouque- blize avec une grimace affreuse.

— Le Montebello de Monsieur votre voisin, dit le sommellier dignement. La voilà, votre eau de Saint- Galmier. Tenez.

Il posa la seconde bouteillle.

— Mais je suis désolé. Monsieur... J'y vois si mal... Absolument confus, croyez bien...

— Quel plaisir vous me feriez. Monsieur, interrompit Lafcadio, en ne vous excusant pas ; et même en accep- tant un second verre, si ce premier-là vous a plu.

— Hélas ! Monsieur, je vous avouerai que j'ai trouvé cela détestable ; et je ne comprends pas comment, dans ma distraction, j'ai pu en avaler un plein verre ; j'avais si soif... Dites-moi, Monsieur, je vous prie : c'est extrême- ment fort, ce vin-là ?... parce que, je m'en vais vous dire... je ne bois jamais que de l'eau... la moindre goutte d'alcool me porte infailliblement à la tête... Mon Dieu ! mon Dieu ! qu'est-ce que je vais devenir ?... Si je retournais tout de suite à mon compartiment ?... Je ferais sans doute bien de m'étendre.

Il fît geste de se lever.

— Restez ! restez donc, cher Monsieur, dit Lafcadio qui commençait à s'amuser. Vous feriez bien de manger

�� �