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LES CAVES DU VATICAN 675

et s'il ne le sentait pas là, dans sa poche, certes, il doute- rait... Mais, au fait, pourquoi Ta-t-il pris, ce bouton ?... qui n'était pas à lui. Par ce geste instinctif, absurde, quel aveu ! quelle reconnaissance ! Comme il se désigne à celui, quel qu'il soit, et de la police peut-être, qui l'ob- serve sans doute, le guette... Dans ce piège grossier il a donné tout droit comme un sot. Il se sent blêmir. Il se retourne brusquement : derrière la porte vitrée du passage, personne... Mais quelqu'un tout à l'heure peut-être l'aura vu ! Il se force à manger encore ; mais de dépit ses dents se serrent. Le malheureux ! ce n'est pas son crime affreux qu'il regrette, c'est ce geste malencontreux... Qu'a donc à présent le professeur à lui sourire ?...

Defouqueblize avait achevé de manger. Il s'essuya les lèvres, puis, les deux coudes sur la table et chiffonnant nerveusement sa serviette, commença de regarder Lafca- dio ; un bizarre rictus agitait ses lèvres ; à la fin, comme n'y tenant plus :

— Oserais-je, Monsieur, vous en redemander un petit peu ?

Il avança son verre craintivement vers la bouteille presque vide.

Lafcadio, distrait de son inquiétude et tout heureux de la diversion, lui versa les dernières gouttes :

— Je serais embarrassé de vous en donner beaucoup... Mais voulez-vous que j'en redemande ?

— Alors je crois qu'une demi-bouteille suffirait. Defouqueblize, déjà sensiblement éméché, avait perdu

le sentiment des convenances. Lafcadio que n'effrayait pas le vin sec et que la naïveté de l'autre amusait fît déboucher un second Montebello.

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