LES CAVES DU VATICAN 7OI
— Ah ! pourquoi vous ai-je rencontrée si tard ? gémit-il. Qu'ai-jc fait pour que vous m'aimiez ? Pourquoi me parlez-vous ainsi, quand déjà je ne suis plus libre et plus digne de vous aimer.
Elle protesta tristement :
— C'est vers vous que je viens, Lafcadio, non vers un autre. C'est vers vous criminel. Lafcadio ! que de fois j'ai soupiré votre nom, depuis ce premier jour où vous m'êtes apparu en héros, et même un peu trop téméraire... Il faut que vous le sachiez maintenant : en secret je m'étais promise à vous dès l'instant où je vous ai vu vous dévouer d'une manière si magnanime. Que s'est-il donc passé depuis? Se peut-il que vous ayez tué? Que vous êtes-vous laissé devenir?
Et comme Lafcadio sans répondre secouait la tête :
— N 'ai-je pas entendu mon père dire qu'un autre était arrêté? reprit-elle; un bandit qui venait de tuer.. Lafcadio ! tandis qu'il en est temps encore, sauvez-vous ; dès cette nuit, partez! Partez.
Alors Lafcadio :
— Je ne peux plus, murmura-t-il. Et comme les cheveux défaits de Geneviève touchaient ses mains, il les saisit, les pressa passionnément sur ses yeux, sur ses lèvres : — Fuir ! est-ce là ce que vous me conseillez ? Mais où voulez-vous maintenant que je fuie ? Quand bien même j'échapperais à la police, je n'échapperais pas à moi- même... Et puis vous me mépriseriez d'échapper.
— Moi ! vous mépriser, mon ami...
— Je vivais inconscient; j'ai tué comme dans un rêve ; un cauchemar où, depuis, je me débats...
— Dont je veux vous arracher, cria-t-elle.
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