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Page:NRF 11.djvu/875

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CHRONIQUE DE CAERDAL 869

L'argent seul a toute industrie et tout droit : il n'a donc pas besoin de la violence.

Julien Sorel lui même, ce héros plus grand que Bonaparte, étant bien plus beau et capable de s'ac- complir contre lui-même par amour, le siècle le destine au supplice : à tout coin de rue, la vie sociale cherche à l'écraser. Enfin elle l'écrase. Les yeux sur le visage bien aimé de sa maîtresse, il n'y prend seulement pas garde. Décapité, il sourit.

La grande âme triomphe donc toujours. Mais à quel prix. Julien Sorel me montre Stendhal, dans sa petite chambre d'hôtel, à cinquante ans déjà. Au moment où Julien Sorel porte sa belle tête sur l'échafaud, Stendhal charge ses pistolets par dégoût d'une vie trop misérable. Et de quoi s'en est il fallu, qu'il fît sauter de l'écrin cette magnifique cervelle, la charnière enfoncée d'une balle .?

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��Il est profondément aristocrate, par ce qu'il est républicain de la bonne manière. Tel à quinze ans, tel à cinquante. Républicain d'esprit et de volonté, aristocrate de mœurs ; et prince en presque tous ses goûts : et d'abord, en cette passion de la vérité, qui est celle de n'avoir point de maître, sinon la raison. Un prince régnant, dans un monde où il serait seul roi, parmi tous ces journalistes et

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