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9^2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

geage " de tout à Theure, qui sèchent au soleil; de l'autre un jeune Anglais, qui fait aussi sa correspondance et: s'interrompt pour me raconter ses expériences canadiennes. Il appartient à une équipe d'arpenteurs, envoyée au nord de l'île par un real estate man de Victoria. Leur séjour dans ces forêts encore sauvages durera quatre ou cinq mois. Mr. W. me dit être parti d'Angleterre sans avoir de place en vue. Ses débuts ont été curieux. Il a balayé les rues de Victoria pendant quelques semaines, à raison de deux dollars et demi par jour.

Cette côte ouest de l'île de Vancouver devient de plus en plus sauvage, à mesure qu'on monte vers le nord. Les montagnes sont plus hautes ; des îlots rocheux sortent de l'océan ; sur l'un d'eux sont couchés des phoques.

Au soir nous stoppons à Quatsino. Je prête au jeune Anglais mon sac de couchage, enfin retrouvé, et fais mes adieux au " Tees."

Quatsino, situé au fond d'une baie abritée, est un des espoirs des spéculateurs de terrains. A l'heure actuelle, quelques pionniers blancs, des Indiens, sont les seuls habitants de ce Liverpool de l'avenir. Au point de vue purement pittoresque, la situation de Quatsino est certai- nement moins attrayante que celle de Kyuquot. Un Lord anglais, très original, et sa famille habitent ces solitudes. Ils sont venus attendre le courrier en bateau. Le père porte une casquette d'officier de marine; les enfants, filles et garçons, manœuvrent leur barque comme la vedette d'un cuirassé. Le spectacle est vraiment inattendu, tant la moindre vision d'élégance paraît étrange dans cet entourage rude d'Indiens et de Blancs mal dégrossis.

Je passe la nuit dans un petit hôtel neuf, très propre.

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