Page:NRF 12.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU lOI

jours obligé Robert à interrompre une seconde sa pensée et par là faisait que cette idée de réconciliation possible ou de rupture peut-être définitive, Robert l'avait à tout moment abandonnée et ressaisie, plutôt qu'elle n'était restée en lui immobile. £n tous cas, se rapprochant en un sens du monde de l'esprit, puisque elle était une idée, par son caractère de perpétuelle présence, par le nombre prodigieux de fois qu'elle s'était présentée chaque jour à Robert, elle tenait plutôt de la vie corporelle, organique, elle avait la fréquence et l'inlassable renouvellement des mouvements de la respiration et des battements du cœur. Et peut-être seule la souffrance, comme elle lui avait donné son rythme en y introduisant des intermittences, l'avait- elle rendue consciente comme ces sensations vitales et profondes que nous ne remarquons que si elles deviennent douloureuses.

Il reçut cette lettre où son amie lui demandait s'il consentirait à pardonner. Aussitôt qu'il sut la rupture évitée, il vit les inconvénients d'une réconciliation. D'ail- leurs il souffrait déjà moins et avait presque accepté une douleur dont il se disait maintenant qu'il lui faudrait peut-être dans quelques mois retrouver la morsure. Pour- tant il n'hésita pas longtemps. Et peut-être n'hésita-t-il que parce qu'il était certain maintenant de pouvoir reprendre sa maîtresse : de le pouvoir, donc de le faire.

��* *

��Je revins à Paris pour me délivrer de ce fantôme insoupçonné jusque-là (que m'avait évoqué ma conver- sation avec elle par le téléphone) d'une grand'mère

�� �