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1% LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

folie que la présence en un lieu donne à Rimbaud, on sent peser cette masse invisible qui, partout où il se tient, l'écrase, contre laquelle il n'a pas trop de toute sa fureur: " Mais ce lieu-ci ; distillation, composition, tout étroir tesses... " ^ " En ce moment j'ai une chambre jolie sur une cour sans fond, mais de trois mètres carrés. — La rue Victor Cousin fait coin sur la place de la Sor bonne par le café du Bas-Rhin et donne sur la rue Soufflot à l'autre extrémité. — Là, je bois de l'eau toute la nuit, je ne vois pas le matin, je ne dors pas, j'étouiFe. Et voilà. " ^ Le monde est sur lui comme sur sa chambre l'énormité des étages supérieurs. Il est occupé à le subir. Voyez-le attelé à son mal comme à une besogne. Il est là dans sa chambre à ne rien faire, à peiner, à écouler silencieusement sa haine. Courbé, grimaçant, abruti, il crache, il dit non, il boude monstrueusement.

Ce n'est encore qu'un enfant, mais un grand martyre lui a été confié : " J'ai avalé une fameuse gorgée de poison. — Trois fois béni soit le conseil qui m'est arrivé ! — Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier, " ^ C'est maintenant que nous entendons bien le ton de sa voix: non pas seulement rauque et crapuleux, mais le soulèvement de tout son être y a passé ; c'est quelqu'un de travaillé jusque dans ses profondeurs qui parle ; et par une souf- france absolument unique et solitaire. Ses cris n'ont aucun

' LetUT à Dclahaye de Juin 1872, dans la Nouvelle Re'vue Fran- faiu du i" Oct. 19 12, p. 578. ' Ibidem^ p. 580. • Une Saison en enfer : Nuit de l' Enfer ^ Œuvres p. 270.

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