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vaut mieux la peine d’être vu. Il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu’il découvre. » Aussi, avant d’entrer dans le voyage, M. Suarès fait-il le portrait du voyageur. Ainsi procédait Taine, lui aussi, au début de son Voyage en Italie. Il est bon en effet que le lecteur connaisse la lunette humaine par laquelle il regardera. « C’est un homme qui a toujours été en passion, écrit Caërdal de lui-même. Et c’est par là qu’on l’a si peu compris. » C’est par là qu’il comprend l’Italie ardente du Nord, celle de la Renaissance, c’est par là qu’il comprend, qu’il revit, qu’il laisse couler dans son sang la passion de l’Italie, l’Italie de la passion. C'est par là qu’il comprend et qu’il aime Stendhal (l’admirable chapitre sur Stendhal en Lombardie !) qui a compris et aimé la passion, qui, voyant la passion sur tous les visages de l’Italie « a créé une Italie plus italienne cent fois que celle que nous avons sous les yeux. » (Éloge ? ironie ??) Et l’Italie du Condottière, toute faite d’essences, est plus italienne encore que celle de Stendhal, plus italienne des musiques, des couleurs, et des parfums qu’elle y ajoute.

A. T.


LA GENÈSE DU XIXe SIÈCLE, par Houston-Steward Chamberlain (édition française, par Robert Godet) 2 vol. (Payot).

Le livre de H.-S. Chamberlain, déjà ancien, a eu un succès prodigieux dans les pays allemands et anglo-saxons. C’est un ouvrage considérable, bien que moins suggestif et plus fragile que l’Immanuel Kant qui reste le chef-d’œuvre de l’auteur. Il appartient à un genre fort discrédité chez nous, mais qui reste assez goûté dans les pays du nord : la philosophie générale de