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RIMBAUD 39

sang : " Ce poison va rester dans toutes nos veines. " ^ Et en pleine obscurité, au plus profond de la plus épaisse ignorance, voici que nous ne pensons plus qu'à une chose, qui serait d'en être délivrés : " Un jour peut-être il dis- paraîtra merveilleusement ; mais il faut que je sache s'il doit remonter à un ciel, que je vois un peu l'assomption de mon petit ami ! " ^

L'étrange messager n'aura pas tiré en vain sur les faibles liens qui l'attachent encore parmi nous, il finira bien par retrouver complète cette indépendance qu'il a abdiquée à moitié pour nous venir en aide. Ainsi apparaît l'idée de la restitution à un état primitif, du retour à l'innocence.

Elle se montre déjà dans les Illuminations^ mais encore enveloppée et symbolique ; elle n'est encore que l'idée d'un rétablissement d'ordre social, d'un bouleversement des mœurs. Il y a pour l'humanité une espèce de lueur en avant, un avenir, quelque chose qui s'ouvrira un jour, non pas un plus grand bonheur, mais un plus grand espace, un élargissement de l'existence : " Le travail humain ! c'est l'explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps. " ^ " O monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux. " ^ Un moment plus vaste, plus limpide, plus aigre montera sur l'horizon de l'histoire ; une révolution changera les conditions de la vie : " Il a peut-être des secrets pour changer la vie ? " ^ — Mais déjà Rimbaud

^ Les Illuminations : Matinée d'ivresse, p. 183.

^ Une Saison en enfer : Délires I : rierge folle, p. 283.

' Une Saison en enfer : L'Eclair, p, 302.

  • Les Illuminations : Génie, p. 1 7 1 .

' Une Saison en enfer : Délires I : Fierge folle, p. 279. Bien que

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