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42 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de plus profond que l'Orient, de plus éternel que le passé : " C'est vrai ; c'est à l'Eden que je songeais ! Qu'est-ce que c'est pour mon rêve, cette pureté des races antiques ! " ^ Et déjà il ne peut plus admettre, comme les philosophes le lui suggèrent, que sa vision n'est qu'une idée confortable et sans réalité. Il en sent au contraire maintenant l'objet tout prochain et qui dure encore. Un petit effort suffirait — lui semble-t-il — pour l'amener en contact avec ce règne de l'innocence qu'il a cru un moment perdu au fond des siècles. Un peu plus de vivacité dans l'esprit, un regard plus lucide...

" — Mais je m'aperçois que mon esprit dort. S'il était bien éveillé toujours à partir de ce moment, nous serions bientôt à la vérité, qui peut-être nous entoure avec ses anges pleurant !... " '

A la fin, son attention, pendant quelques secondes, semble récompensée :

" O pureté ! pureté !

C'est cette minute d'éveil qui m'a donné la vision de la pureté ! " ^

Une chose du moins, à la fin de ce poème, est acquise pour l'âme : c'est qu'une demeure pour l'innocence existe encore quelque part.

Dans r Eclair Rimbaud l'entrevoit à nouveau ; mais il pense ne pas pouvoir l'atteindre : " Ah ! vite, vite un peu ; là-bas, par delà la nuit, ces récompenses futures,

  • Une Saison en enjer : Vlmpossible, p. 300.

' Ibidem^ p. 300. ' Ibidem^ p. 301.

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