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48 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que ridée d'innocence n'est pas le seul contenu de ses poèmes. Son œuvre est tout de même autre chose que le réceptacle de son intraitable perfection, autre chose qu'un corps pour son âme. Si nous nous sommes bornés jusqu'ici à cette façon de la considérer, c'était pour éviter toute distraction dans notre analyse. Il convient maintenant de reprendre l'étude de Rimbaud à un nouveau point de vue. Nous avons examiné ce qui de lui-même avait passé dans son œuvre ; il faut voir maintenant ce que celle-ci contient du monde, ce qu'elle a, si l'on peut dire, avalé non plus du sujet, mais de l'objet. — C'est en même temps changer d'attitude à son égard : au lieu de nous dévouer à l'éclaircir, à en rendre compte, à faire apparaître son unité, nous allons y chercher notre bien, l'exploiter à notre usage, la mettre en coupe. Devenons résolument égoïstes : ce n'est plus à servir Rimbaud que nous nous engageons mainte- nant, mais à le rançonner.

(à suivre.) Jacques Rivière.

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