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NOTES 1095

Comme M. Cormon, nous avons récemment vitupéré contre l'impressionnisme qui est venu déranger le bel ordre dans lequel notis avions accoutumé de voir alignés les principes traditionnels. Après avoir goûté un moment le facile enivrement impressionniste, nous avons rapidement discerné dans ce mouvement de glorification du pur instinct les mêmes tares que dans le romantisme. Nous avons donc violemment rejeté une esthétique conduisant l'artiste à ne s'exprimer qu'à l'aide d'une métaphore sentimentale exaspérée. Nous avons, pour échapper à l'étreinte d'une formule qui ne requérait de nous que l'exercice de notre sensuahté, déblayé notre intelligence déjà envahie, et demandé à notre raison assistance et réconfort. C'est ainsi que nous avons découvert la vérité d'une formule académique, certainement chère à M. Cormon, laquelle impUque que l'ordre, sans lequel il n'est pas de beauté, ne peut être obtenu [ue par la hiérar- chisation des éléments qui constituent le tableau. C'est ainsi que nous fîmes le vœu, qui ne peut qu'agréer à M. Cor- mon, de devenir classiques.

D'où vient qu'unis dans un même désir, nous soyons, de par la nature du souhait de M. Cormon, appelés à faire figure d'ennemis ?

M. Cormon, retiré pour peindre au fond de ses chères cavernes, était protégé des tentations qui faillirent nous perdre. A l'abri des voûtes solides, il ne vit pas s'allonger vers lui ces terribles ombres violettes qui incitèrent tant de peintres à cultiver des rapports de tons faux. Nul vent né vint déplacer les lourdes peaux de bêtes pendues aux parois ; nulle illusion d'optique ne vint porter le trouble dans ses constatations d'homme bien portant. M. Cormon pratiquant un métier de tout repos, séculairement vérifié, ne commit aucun péché contre la peinture, si ce n'est celui de l'aimer trop mollement. M. Cormon se tient, ainsi que la tradition l'enseigne, à une distance convenable de l'objet qu'il veut

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