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NOTES lOQQ

aspirations de M. Cormon, d'adopter les moyens qu'il désire- rait employer pour réintroduire la peinture dans son domaine traditionnel.

Nous ne pouvons plus comme lui faire le tour des objets, les délimiter, les exprimer dans leur littéralité.

Cette opération, qui était celle des primitifs, voire des Renaissants, suppose un détachement de l'artiste par rap- port à l'objet, un recours absolu au sens critique, une liberté que nous ne possédons plus. L'impressionnisme nous a trop intimement mélangés, incorporés, associés aux objets : il nous est impossible» pour le moment, de nous libérer de l'étreinte, de nous désengluer complètement. Tout ce que nous pou- vons faire, c'est, à petits coups, nous détacher insensible- ment du magma où nous sommes pris, et, à la faveur de nos premières évasions partielles favorisées par la culture de notre intelligence, voir d'un peu plus haut notre sujet.

Voilà une confession qui va aggraver le sourire méprisant de M. Cormon, fier de sa supériorité, fier de l'intégrité de sa personnalité classique jamais entamée. A quoi bon ces ter- giversations, ces scrupules, nous dira-t-il avec ses amis néo- classiques : désertez donc simplement, en hommes de bon sens, cette situation anarchique.

C'est là que notre classicisme s'avère bien différent de celui de ces messieurs. D'abord parce que nous pensons qu'on ne rompt pas avec ce qui nous a précédés sans déshon- neur. Ensuite, parce que nous savons qu'une école qui a duré plus d'un demi-siècle, qui souleva tant d'enthousiasmes, ne peut pas ne produire que des erreurs. Enfin parce que peut- être les trop vastes, trop hautes, trop solennelles vérités dont M. Cormon et ses amis sont les thuriféraires avaient besoin d'être brûlées au feu du soleil pour que pousse, sur leurs cendres, une toute petite plante de vérité nouvelle. L'écraser du talon serait condamner les plus forts d'entre nous à revivre stérilement une partie de l'histoire de l'art, à assumer

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