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LA NOUVELLE REVUE 'FRANÇAISE *J

L'effort pour ne pas' se laisser gouverner par des exigences extérieures n-est ;pas le (renoncement à toute tendance.

Au contraire, dirais-je même. Si 'nous voulons nous arracher à l'esclavage intellectuel où les événements tendraient à nous réduire, c'est essentiellement pour pou- voir manifester des convictions, des aspirations précises. Rien ne nous est plus étranger que cette indifférence qu'on voit à tant de recueils, qui se contentent de recevoir la copie, comme une citerne reçoit la pluie.

Déjà dans le passé, ce qu^on aimait dans la Nouvelle Revue Française, c-est qu'à côté d'une parfaite ouverture d'esprit elle savait montrer du goût et des préférences. On lui devinait des opinions. Elle avait des idées de derrière la iête. En même temps qu'elle savait se rendre -sensible comme un microphone aux moindres bruissements de la Beauté, tout de même elle la cherchait dans la direction d'où elle devait venir.

Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons l'intention de faire œuvre critique, c'est-à-dire de discerner, de choisir, de recommander. Tout au moins en ce qui concerne l'art et la littérature, nos idées sont parfaitement déterminées. Nous pensons apercevoir une direction où l'instinct créateur de notre race, aussi neuf et aussi hardi que jamais, est 'en train de s'engager.

Nous tâcherons de définir cette direction. Ce ne sera pas l'œuvre d'un jour, car, comme tout ce qui participe réellement de la vie, elle est fort complexe et ne peut être précisée que par itouclïes successives.

Nous essaierons de faire sentir au lecteur que l'âge esthétique qui a commencé avec le Romantisme est au- jourd'hui, en tait, et malgré certaines survivances, com-

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