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NOTES 145

«mourir pour la France », ce que c'est que de choisir la mort et de la choisir non pas par dépression, ni désespoir, mais dans un moment où l'on est en pleine possession de ses facultés, où on les sent à leur place, prêtes à s'exercer encore. On ne se représente pas ce que c'est que de choisir la mort, non pas en public et avec la perspective d'immenses suffrages, mais au coin d'un bois, loin des siens, entouré de quelques hommes qui ne vous verront peut-être même pas tomber, qui ne sau- ront rien redire que peut-être : « Le lieutenant, j 'crois bien qu'il y est resté >>, — de la choisir avec l'idée que personne jamais ne comprendra rien à votre dernière heure, avec l'idée que les gens se rassureront sur ce que vous êtes « mort en gloire >> et « dans la furie du combat ». On ne se représente pas ce que c'est que de mourir «pour la France », c'est-à-dire, si chère soit-elle et si vivante tant que nous vivons, pour une entité malgré tout, et qui peut-être, chez certains, au moment où ils auraient le plus besoin de son assistance, parce que le cerveau n'est plus libre, se dérobe, se fait hypothétique, les laisse seuls.

On ne se représente pas... Et pourtant c'est tout cela qu'il faut nous représenter, si nous voulons vraiment comprendre ce que nos héros ont fait pour nous et mesurer à quel trésor presque monstrueux d'abnégation nous sommes redevables de vivre encore, de penser, de juger, de jouir. C'est tout cela qu'il ne faut pas que nous perdions un seul instant de vue si nous voulons rendre à Péguy et à Alain Fournier le véritable hommage que nous leur devons.

JACQUES RIVIÈRE

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��ADRIEN MITHOUARD.

L'occasion se représentera de tracer la noble et douce figure d'Adrien Mithouard et de fixer la place qu'il doit prendre parmi les conducteurs de la pensée française, de la

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