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Page:NRF 13.djvu/177

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NOTE SUR M. DESCARTES 169

Les voilà bien les hommes dans la rue. Une pente fatale leur fait descendre le boulevard Saint-Germain. De quoi parleraient-ils qui fût plus pressant que le pro- blème de l'être. L'un est le seul adversaire de Bergson qui sache de quoi on parle. L'autre est, après Bergson, et j'oserais presque dire avec Bergson, le seul bergsonien qui sache aussi de quoi on parle. Il a été l'élève et plus que l'élève de Bergson à l'École Normale. Il a gardé pour Bergson une fidélité filiale.

Nous les supposerons également de bonne foi. Non par vertu, mais par bonne foi. Ils commencent donc par mettre dans le même sac les bergsoniens et les antiberg- soniens. Et ce n'est pas un sac de valeurs, je vous prie de le croire. Cette opération faite, ils se retrouvent, ils se trouvent ce qu'ils sont. L'un est (en philosophie) un critique acharné de sévérité absolue. L'autre est un bon chrétien. Il est même plus bon chrétien qu'il ne voudrait. Je veux dire que ça lui coûte plus cher qu'il ne voudrait, d'être bon chrétien. Celui qui n'est pas chrétien est beau- coup plus fort en mathématiques. Celui qui est chrétien est malheureusement devenu très fort en beaucoup de choses qui ne sont pas en iques. Celui qui n'est pas chrétien est animé contre Bergson d'une véritable animosité per- sonnelle, inépuisable. L'autre essaie vainement de l'en guérir. Et ne s'en console pas. L'autre, (le bergsonien), a constamment l'impression, et le dit à l'autre, (à l'anti- bergsonien), qui le sait, et qui le dit, qu'un homme manque à leur entretien, qu'il y faudrait un homme qui viendrait en tiers, et que cet homme est précisément Bergson. Lui seul préside en pensées à leur entretien. Lui seul saurait mesurer le jeu. (Ce jeu grave). Lui seul saurait évaluer.

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